top of page

GRAND PRIX DES PAYS-BAS INOUBLIABLE

            Zandvoort et le Grand Prix des Pays-Bas ont rejoint le Championnat du Monde de Formule 1 dès sa troisième édition, en 1952. C’est là que Ferrari et Alberto Ascari ont prolongé leur série de victoires jusqu’à atteindre neuf succès consécutifs. Rapidement, le circuit construit à côté des dunes de la plage de Zandvoort est devenu un lieu emblématique du calendrier.

            Des difficultés financières ont écarté la course du championnat à trois reprises dans les années 1950 – preuve que l’organisation d’un Grand Prix a toujours été coûteuse pour les organisateurs privés. Mais de 1958 à 1985, Zandvoort fut une étape incontournable du championnat, témoin de nombreux moments historiques.

            Le manque de financement a de nouveau entraîné la disparition de l’épreuve. Le tracé a été raccourci, la partie nord du circuit ayant été vendue à des promoteurs immobiliers. Puis, au sommet de la « Max-mania », Zandvoort est revenu au calendrier l’année même où Verstappen remporta son premier titre. Le circuit restera inscrit au championnat jusqu’à la fin de la prochaine saison.

            Ensuite, faute de soutien public pour continuer, les organisateurs céderont leur place à des Grands Prix financés par des fonds publics ailleurs dans le monde.

1967 – CLARK ET LE DÉBUT DE L’HÉGÉMONIE COSWORTH

            Le Grand Prix des Pays-Bas 1967 est entré dans l’histoire comme la première victoire du moteur Ford Cosworth DFV V8, qui venait tout juste de faire ses débuts. Ce fut le point de départ de 15 ans de domination de ce moteur conçu par Keith Duckworth et Frank Costin.

            La domination de Lotus entre 1963 et 1965 avait pris fin brutalement quand la FIA imposa des moteurs de 3 litres pour remplacer ceux de 1,5 litre utilisés depuis cinq ans. Peu préparés à ce changement, seuls Jack Brabham et son équipe étaient compétitifs.

Les nouveaux moteurs Ferrari manquaient de fiabilité, les H16 cylindres de BMR étaient fragiles, et les autres devaient se contenter de moteurs Climax modifiés ou de Maserati sous-puissants.

            C’est dans ce contexte que Lotus, avec Colin Chapman, convainquit Ford de financer un moteur entièrement nouveau. Le Cosworth DFV fit ses débuts à Zandvoort, lors de la troisième manche de la saison.

Graham Hill signa la pole position sans difficulté, mais Jim Clark, gêné par un problème d’injection, ne partit que huitième. Le jour de la course, Hill abandonna au bout de 11 tours. Clark, lui, remonta rapidement et prit la tête peu après l’abandon de son coéquipier pour l’emporter avec plus de 23 secondes d’avance.

            Ce n’était que le début pour Cosworth, qui allait ensuite dominer la F1 de 1968 à 1982, remportant 12 titres pilotes sur 16 saisons, faisant de ce moteur le plus dominant de l’histoire de la discipline.

1975 – UNE PREMIÈRE POUR JAMES HUNT

            Ferrari retrouva le haut du classement en 1974, après une saison 1973 catastrophique. Niki Lauda, bien que jeune coéquipier de Clay Regazzoni, montra très vite qu’il était le plus rapide. Une fois la 312T (avec boîte transversale) bien réglée, l’Autrichien remporta trois Grands Prix d'affilée. Il arriva à Zandvoort avec une avance de dix points sur Carlos Reutemann et onze sur Fittipaldi.

            James Hunt, pilote de la fantasque équipe Hesketh, avait peu marqué depuis le début de la saison. Bien que réputée pour ses fêtes, ses yachts et ses prières au « grand poulet du ciel » (!), l’équipe Hesketh avait une monoplace compétitive. À Zandvoort, Hunt se qualifia troisième, derrière les deux Ferrari.

Un violent orage retarda le départ et rendit la piste humide. Hunt choisit les pneus slicks très tôt, dès le 7ᵉ tour.

            Ferrari, plus prudente, ne rappela Lauda qu’au 13ᵉ. Perturbée par un incident où Ronnie Peterson percuta Luca di Montezemolo dans les stands, l’équipe perdit quelques secondes, permettant à Hunt de prendre l’avantage.

            Jean-Pierre Jarier, intercalé entre Hunt et Lauda, retarda l’Autrichien pendant 30 tours. Quand Lauda reprit la 2ᵉ place, Hunt avait 10 secondes d’avance. Malgré la pression de Lauda, Hunt resta impeccable, ne fit aucune erreur et s’imposa.

            Ce fut un tournant dans la carrière de James Hunt, qui prouva qu’il n’était pas qu’un pilote fougueux mais aussi capable de gérer une course difficile. Il rejoignit McLaren l’année suivante, remplaça Fittipaldi, et remporta le titre mondial en 1976.

1979 – VILLENEUVE FAIT RÊVER

            Ferrari était à nouveau compétitive en 1979, avec Jody Scheckter et Gilles Villeneuve en lutte pour le titre face à Jacques Laffite (Ligier). Les voitures à effet de sol dominaient, Lotus ayant ouvert la voie. Williams, longtemps en fond de grille, émergea avec la FW07, remportant trois courses consécutives : une avec Regazzoni, deux avec Alan Jones.

            Ferrari restait dans la course grâce à l'accident en deltaplane de Patrick Depailler, remplacé par Jacky Ickx, peu à l’aise avec ces voitures. Sur la longue ligne droite de Zandvoort, les V12 Ferrari étaient efficaces. Scheckter et Villeneuve se qualifièrent en troisième ligne. Laffite était juste derrière.

            Au départ, Regazzoni heurta Arnoux et abandonna. Villeneuve passa Jabouille et grimpa de la 6e à la 2e place rapidement. Scheckter, presque calé, pointait 19e au premier tour. La situation était idéale pour le Canadien.

            Mais Villeneuve n'était pas du genre à gérer. Au 11e tour, il prit la tête devant Jones. L’Australien économisait ses pneus, conscient que l’asphalte abrasif userait les gommes. Au 47e tour, Villeneuve perdit l’arrière et partit en tête-à-queue.

            Il repartit 2e, sans menace derrière. Scheckter était remonté 3e.

Au 51e tour, le pneu arrière gauche explosa. Villeneuve partit en tête-à-queue dans Tarzan. Tout autre pilote aurait abandonné. Pas lui. Il sortit du bac à sable et regagna les stands, le pneu détruit, la roue arrière gauche presque détachée. Mais les dégâts étaient trop importants : abandon.

           Scheckter hérita de la 2e place et s'assura du titre à Monza. Mais c’est le panache de Villeneuve qui marqua les esprits.

1985 – LA DERNIÈRE DE LAUDA

            McLaren dominait la F1 au milieu des années 1980. En 1984, Niki Lauda battit Alain Prost pour le titre avec un demi-point d’avance. L’année suivante, il accumula les abandons et marqua à peine quelques points. Prost domina le championnat, avec pour seul rival Alboreto (Ferrari).

            En froid avec Ron Dennis, Lauda annula un transfert chez Renault après des fuites dans la presse. Il annonça sa retraite lors de son GP national, mais Dennis monopolisa la conférence pour parler de ses succès, oubliant de mentionner Lauda. L’Autrichien, furieux, décida de se venger sur la piste.

             À Zandvoort, Prost était en 1re ligne, Lauda 10e. Il remonta jusqu’en 2e position avant son arrêt pneus. À l’époque, les pilotes pouvaient mixer les gommes. Lauda avait convenu : 4 tendres s’il pouvait gagner, sinon 3 tendres et 1 dur (à l’arrière gauche). Il reçut la combinaison "sûre" – Dennis voulant avantager Prost.

            Mais la chance sourit à Lauda. Prost connut un arrêt très lent et ressortit 3e derrière Senna. Il mit 15 tours à le doubler. Lauda avait alors 8 secondes d’avance. Prost revint rapidement mais ne parvint jamais à passer.

            Bien qu’ami avec Prost, Lauda bloqua son coéquipier avec une détermination inédite, repoussant trois fois ses attaques en le forçant hors piste. Sachant qu’Alboreto était loin, Prost accepta la 2e place.

            Lauda remporta sa 25e et dernière victoire en F1.

2021 – PROPHÈTE EN SON PAYS

            Quand la F1 revint à Zandvoort en 2021, le circuit avait changé. Le nord avait été vendu à l’immobilier, une nouvelle section rapide et sinueuse conçue pour d’autres catégories.

            La montée en puissance de Max Verstappen raviva la passion néerlandaise. Une initiative privée, incluant des membres de la famille royale, relança le Grand Prix. Prévu pour 2020, il fut repoussé à 2021 à cause du Covid.

            En 2021, Red Bull offrait enfin à Max une voiture pour le titre. Arrivé à Zandvoort, il n’avait que 3 points de retard sur Lewis Hamilton. L’ambiance était électrique, et Hamilton dut être protégé par une sécurité privée tout le week-end.

            En piste, le duel fut intense. Verstappen décrocha la pole. Mercedes tenta deux fois l’undercut, mais Red Bull répondit aussitôt. Hamilton ne put jamais activer le DRS, bien qu’il soit resté à moins de 4 secondes.

À deux tours de la fin, il changea de pneus pour décrocher le meilleur tour.

            Verstappen, en remportant son GP national, prit la tête du championnat avec 3 points d’avance. Le retour de Zandvoort en F1 ne pouvait rêver meilleur scénario pour le héros local.

bottom of page